Découvrir un trésor laisse rarement quelqu'un indifférent. Il y a bien entendu la joie toute naturelle d'avoir découvert quelque chose mais aussi la satisfaction d'avoir mis au jour des objets qui nous viennent d'un passé plus ou moins lointain et qui sont les témoins de cette époque. Si l'étude des trésors monétaires permet parfois de comprendre et d'approfondir nos connaissances sur le mode de vie de nos aïeuls, il y a d'autres trésors qui ne nous apprennent pas grand chose mais qui réveillent notre âme d'enfant lorsque nous lisions les aventures de Jim Hawkins parti à la quête de l'Ile au Trésor. C'est exactement ce que procure le trésor du hasard (33) qui nous a été présenté en ce début d'année 2014 après les trésors de Villiers-sur-Marne (94) et du canton de Monclar (47).
Lors de travaux de rénovation dans sa maison en août 2013, l'inventeur découvre fortuitement, dans le sol de sa cave, un ensemble de cent quatre-vingt-quinze pièces d'or françaises dont les millésimes couvrent une période allant de 1851 à 1914 (voir l'inventaire sommaire ci-dessous). Les monnaies n'étaient malheureusement pas contenues dans une vieille malle ou dans un coffre fermé à clef mais certaines se trouvaient dans une petite boîte en fer argentée alors que les autres avaient été placées anciennement dans des rouleaux métalliques fortement oxydés.
On remarque d'emblée l'absence de monnaies antérieures à 1851 : est-ce à dire que ces monnaies, bien que non démonétisées, ne circulaient déjà plus ou presque plus à l'aube de la Grande Guerre ? L'état de conservation des monnaies de la Deuxième République et de Napoléon III est situé entre TTB 40 et TTB 52, malgré des traces de leur brillant d'origine. Ceci vient du frai qu'elles ont subi par une plus ou moins longue circulation (plus de 60 ans pour les plus anciennes), des conditions de leur enfouissement, de leur entassement et de l'humidité du lieu de conservation. En revanche, les 20 francs Coq sont tous en SUP avec un très joli brillant.
Nous n'avons trouvé aucune information concernant l'auteur et les raisons de l'enfouissement de ce trésor. Cependant nous pouvons dire que son propriétaire devait certainement être un homme aisé puisque, traditionnellement, les riches ou les bourgeois ont davantage le réflexe de cacher leurs économies dans leur maison plutôt que de les enterrer. De plus, cent quatre-vingt-quinze pièces d'or représentent une somme relativement importante, pour l'époque, de 3.900 francs. L'origine la plus évidente est celle de la vente d'un bien mais d'autres hypothèses peuvent être avancées : une dot, un héritage, ou pourquoi pas, tout simplement, les économies d'une personne ayant fui le nord du pays au moment où le gouvernement français déménage de Paris à Bordeaux en septembre 1914.
Cependant un doute subsiste sur la date d'enfouissement. Si l'année la plus récente retrouvée est 1914, cela ne veut pas forcément dire que le trésor a été enfoui en 1914 car les frappes de 20 francs cessent cette année-là. Notre trésor a donc très bien pu avoir été enterré quelques années plus tard...
Stéphane Desrousseaux
Inventaire sommaire
IIe République (1848-1852) (2 ex.)
20 francs or Cérès (2 ex.)
N° 1-2 : 1851, A (Paris)
Second Empire (1852-1870) (5 ex.)
20 francs or Napoléon III, tête nue (3 ex.)
N° 3 : 1857, A (Paris)
N° 4 : 1859, A (Paris)
N° 5 : 1860, A (Paris)
20 francs or Napoléon III, tête laurée (2 ex.)
N° 6 : 1862, A (Paris)
N° 7 : 1869, A (Paris)
IIIe République (1870-1940) (188 ex.)
20 francs or Génie, IIIe République (2 ex.)
N° 8 : 1876, A (Paris)
N° 9 : 1893, A (Paris)
20 francs or Coq, Tranche inscrite : Liberté Égalité Fraternité (186 ex.)
N° 10-41 : 1907
N° 42 : 1908
N° 43-81 : 1909
N° 82-96 : 1910
N° 97-99 : 1911
N° 100-144 : 1912
N° 145 : 1913
N° 146-195 : 1914